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Outiller une jeune femme d’affaires pour transformer sa communauté

Avec sa surface de 1600 pieds carrés, ses plafonds de 12 pieds et ses murs d’une blancheur impeccable, Kabana Leather est une manufacture en pleine activité. Des groupes de travailleurs sont éparpillés dans tout l’atelier.

Semha Berha, 28 ans, fondatrice de Kabana, se promène dans l’atelier. On peut l’apercevoir en train de rire avec ses employés, fouiller dans des sacs à la recherche du meilleur échantillon, coudre un sac, travailler avec le comptable de la société ou négocier avec ses distributeurs en Europe et en Amérique.

« Nous en avons fait du chemin en deux ans, » explique Semhal. « En 2017, je travaillais seule avec mon employé dans une pièce de deux mètres sur deux. Nous produisions alors six sacs par jour. Maintenant, nous avons 54 employés et produisons plus de 200 sacs par jour. »

Samhal a fondé Kabana Leather en 2012 pendant qu’elle étudiait l’architecture à l’Université d’Addis Abeba, au prestigieux Institute of Architecture and Building Construction. À l’époque, l’entreprise se composait de Semhal et de ses amis. Ils fabriquaient des créations originales à partir de vieilles vestes, portefeuilles et sacs en cuir qu’ils recyclaient. « Le design, c’est ma passion, » explique-t-elle. « J’adore créer de nouveaux modèles. J’ai même écrit ma thèse là-dessus. »

« J’adore créer de nouveaux modèles. J’ai même écrit ma thèse là-dessus. » « En Éthiopie, les secteurs manufacturier et exportateur sont dominés par les hommes, » explique Semhal, « donc les femmes doivent travailler deux fois plus fort pour pouvoir faire leurs preuves. »

L’accès au financement est particulièrement difficile pour le groupe sans cesse grandissant de femmes entrepreneures en Éthiopie.

Pour l’aider à surmonter les maints obstacles auxquels les femmes entrepreneures doivent faire face, Semhal a rejoint l’Association des femmes exportatrices (EWEA) ainsi que le Programme de l’alliance des femmes entrepreneures (AWEP). Ces organismes ont pour but d’autonomiser les femmes entrepreneures en leur fournissant des services de développement des entreprises, des possibilités de faire du réseautage, ainsi que de la formation.

Ces organismes ont pour but d’autonomiser les femmes entrepreneures en leur fournissant des services de développement des entreprises, des possibilités de faire du réseautage, ainsi que de la formation. « Semhal est une force de la nature, » explique Lissan Peteos, agente de projet sur le terrain en Éthiopie. « Ça se voyait à des kilomètres à la ronde. Nous savions tout de suite que bien épaulée, son entreprise pourrait connaître un essor fulgurant. »

SACO a mis Semhal en relation avec différents conseillers volontaires. « J’ai tellement appris de mes mentors canadiens. Je ne saurais trop insister sur la valeur que ça représente pour moi, » dit Semhal « J’ai tellement appris de mes mentors canadiens. Je ne saurais trop insister sur la valeur que ça représente pour moi, » dit Semhal

SACO a mis Semhal en contact avec des experts canadiens œuvrant dans le domaine de la mode, de l’import-export et du marketing. SACO a mis Semhal en contact avec des experts canadiens œuvrant dans le domaine de la mode, de l’import-export et du marketing. « Ce n’était pas évident de naviguer dans ces univers sans aucune assistance. C’est pour cela que leurs conseils m’ont été si précieux. J’ai appris des choses qui sont propres à mon industrie comme des techniques de couture, les combinaisons de couleurs, ce qui est à la mode en ce moment et ce qui ne l’est pas. J’ai également acquis des connaissances générales essentielles comme les façons de faire évoluer ma marque, de joindre mes acheteurs et à quel point il est important de contacter et recontacter les gens, puis d’assurer un suivi encore et encore et encore. »

Le soutien de SACO à Semhal a non seulement renforcé ses opérations commerciales, mais il a également augmenté sa confiance en tant que femme entrepreneure.

« Elle est brillante et ambitieuse, » dit Lissan. « Non seulement c’est une femme d’affaires capable de diriger et de faire fructifier une entreprise florissante, mais c’est aussi quelqu’un qui provoque un changement positif dans son entourage, que ce soit chez ses fournisseurs, ses employés ou ses concurrents. »

Pour Semhal, il est primordial de diriger l’entreprise de façon éthique. Ainsi, elle achète son cuir seulement chez des tanneurs respectueux de l’environnement et elle utilise surtout des matériaux recyclés. De plus, son approche dans le domaine des ressources humaines n’a rien à envier aux entreprises les plus progressistes partout dans le monde. À l’heure actuelle, 46 de ses 54 employés sont des femmes, vingt d’entre elles sont mères, cinq sont mères célibataires et deux femmes vivent avec un handicap. « Ce n’est pas une question de marketing, » dit Semha. « Il s’agit des valeurs de Kabana Leather. Je ne peux pas juste me contenter de faire des affaires. »

Pendant son temps libre, Semhal forme de jeunes femmes qui vivent dans les rues d’Addis Abeba. Un grand nombre d’entre elles sont des réfugiées Somaliennes ou Soudanaises du Sud. Il y en a qui retournent ensuite chez Kabana, tandis que d’autres créent leur propre entreprise. « Il n’y a rien de plus gratifiant que de voir ses anciennes employées, ou des femmes que j’ai formées, déployer leurs ailes et créer leur propre entreprise. C’est ça, le plus important. »