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Échange communautaire à Yellowknife

La distance entre la province de Dornod en Mongolie et Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, est d’environ 7 000 kilomètres. Malgré cette grande distance, les deux régions partagent de nombreuses similitudes : les deux communautés sont traditionnellement liées à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles ; chacune a un climat similaire ; et toutes deux sont profondément impliquées dans le secteur du développement des ressources. Ce sont ces similitudes qui ont amené dix représentants de la Mongolie à Yellowknife pour explorer des approches de gestion du secteur du développement des ressources d’une manière socialement et économiquement durable.

Tout au long de ce voyage de 12 jours, les représentants communautaires du gouvernement local et des petites et moyennes entreprises de la province de Dornod, dans l’est de la Mongolie, ainsi que les représentants de MERIT, Cindy Fair, Khulan Zalaa-Uul et Oyuna Shagdarsuren, et le VA de SACO, Eitan Dehtiar, ont exploré les pratiques canadiennes sur des questions telles que : Les ententes sur les répercussions et les avantages/les questions relatives aux terres ; l’intégration économique de la population locale aux projets ; les stratégies visant à améliorer la contribution économique des projets à la communauté locale et l’exploitation minière respectueuse de l’environnement.

Le groupe a visité une grande variété d’entreprises et a assisté à un large éventail de réunions. Le voyage s’est terminé par une présentation de Maarten Ingen-Housz, CV de SACO, sur les ententes sur les répercussions et les avantages, une entrevue avec CBC Radio North, et une visite du Forum géoscientifique et du salon professionnel qui a rassemblé plusieurs des entreprises et des personnes qu’ils avaient rencontrées pendant leur séjour à Yellowknife.

 

Qu’est-ce que les représentants mongols ont retenu de leur séjour à Yellowknife ? À la fin du voyage, le groupe a eu l’occasion de faire le point et de partager ses réflexions sur ce qu’il avait vécu. Comme chaque membre du groupe venait d’un milieu d’affaires ou d’un gouvernement différent, ils ont apporté des perspectives différentes, dont plusieurs thèmes sont ressortis.

Relations communautaires et communication ouverte

L’un des principaux thèmes qui est ressorti est celui des relations communautaires solides et de la communication ouverte. relations communautaires solides et d’une communication ouverte. Les délégués ont remarqué le haut degré de communication transparente entre les sociétés minières, les communautés locales et le gouvernement dans les Territoires du Nord-Ouest. Cette communication ouverte aide à sensibiliser les gens aux projets de développement des ressources, à gérer les attentes et à souligner l’importance d’impliquer tous les intervenants dès le début, avec une vision commune, afin que tous en bénéficient.

La transparence et la facilité d’accès à l’information permettent de coordonner les objectifs et facilitent la capacité à travailler ensemble pour une meilleure compréhension entre les parties prenantes. Elles peuvent également contribuer à prévenir les conflits et les suspicions, notamment dans des endroits comme la Mongolie où la perception du secteur extractif peut être assez négative.

Les participants ont également souligné l’importance d’une planification solide pour l’ensemble du cycle de vie de la mine – notamment en ce qui concerne la remise en état – comme l’une des clés du succès des sociétés minières. Bon nombre de ces problèmes de relations communautaires peuvent être réglés grâce à de solides accords sur les répercussions et les avantages.

Accords sur l’impact et les avantages

Le dernier jour, le V.A. Maarten Ingen-Housz a fait une présentation sur les accords sur l’impact et les bénéfices, qui a permis de regrouper un grand nombre des enseignements tirés des réunions et des visites du voyage.  Maarten a souligné l’importance de veiller à ce que les priorités de la communauté soient directement intégrées aux accords de manière concrète, afin que l’ensemble de la communauté en bénéficie de manière tangible et utile.

Il a également parlé de la nécessité de travailler ensemble pour atteindre des objectifs mutuellement bénéfiques, de négocier et de prendre le temps de comprendre ce que chaque partie peut retirer du processus. Au Canada, les négociations peuvent durer plusieurs années pour certains des grands projets d’extraction afin de réunir toutes les parties prenantes et de voir les impacts maximums, et l’accord restera intact pendant toute la durée de vie de la mine.

Bien que les accords sur les avantages locaux existent en Mongolie en vertu de la loi, la mise en œuvre de l’outil est incomplète, et il a été convenu que beaucoup pourrait être fait pour mettre en œuvre ces accords plus efficacement afin que plus de personnes puissent bénéficier de l’extraction des ressources.

Environnement

Les deux régions partagent un amour de la nature et de l’environnement et un intérêt pour le travail dans une approche équilibrée, dans le respect de l’environnement, afin que les intérêts de chacun soient bien équilibrés. Il était clair pour la délégation mongole que les dirigeants autochtones locaux de Yellowknife ont un amour profond de l’environnement et que le respect de la terre et de l’environnement est une priorité. Ils ont pris connaissance des différents plans d’utilisation des terres, des programmes et initiatives de développement et de gestion des ressources mis en place pour s’assurer qu’ils sont des intendants efficaces de leurs terres traditionnelles.

Participation locale et autochtone

L’intégration des populations locales dans les projets de développement des ressources d’une manière économiquement avantageuse, comme la prestation de services, la fourniture de biens et la formation de compétences pour l’emploi, est considérée comme une priorité. La délégation a été impressionnée par la culture du travail en commun et du respect mutuel, ainsi que par la communication ouverte qui permet de négocier les points de vue avec le gouvernement, d’élaborer des contrats solides avec les entreprises et de créer des emplois locaux.


Formation

La formation est apparue comme un point particulièrement remarquable pour les délégués mongols. La visite de la Mine Training Society a mis en évidence la formation rigoureuse dispensée à des candidats soigneusement sélectionnés, ainsi que l’importance de lier directement cette formation aux offres d’emploi. Cette formation solide, ainsi que l’importance du recyclage, du mentorat continu et de la transmission des connaissances, sont les clés d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et de la durabilité à long terme de l’engagement communautaire dans le secteur du développement des ressources.

Genre

Si la Mongolie dispose actuellement du cadre juridique nécessaire à l’égalité des sexes (une loi de 2011 sur l’égalité des sexes et une récente mise à jour du programme national sur l’égalité des sexes en avril 2017), leur mise en œuvre reste un défi.  Une partie du mandat du projet MERIT consiste à aider les partenaires à comprendre que le genre doit être au cœur de la planification, de la budgétisation, du suivi, de l’évaluation et des rapports du gouvernement. Cette approche commence à prendre forme, et à cette fin, cinq des dix délégués mongols sélectionnés étaient des femmes, chacune provenant de divers milieux d’affaires et gouvernementaux.

L’un de leurs principaux objectifs était de faire passer en Mongolie le message que l’intégration de la dimension de genre n’est plus facultative. Les femmes ont observé à Yellowknife qu’il existait de nombreuses possibilités de postes de direction pour les femmes, notamment dans le secteur du développement des ressources et dans d’autres industries techniques. Les femmes espèrent pouvoir accroître la visibilité des rôles des femmes dans la gestion dans la province de Dornod, ainsi qu’une reconnaissance accrue des femmes dans ces rôles.  Le groupe a également pris connaissance de l’amélioration de la sécurité et des statistiques d’utilisation des équipements exploités par des femmes.

Gouvernance

Les représentants mongols ont observé que la stabilité du cadre juridique et législatif au Canada crée un environnement stable pour les investisseurs, contribuant à garantir que les plans et les accords seront réalisés. De nombreuses entreprises sont créées grâce à des visions et des plans à long terme, avec des buts et des objectifs clairs, dans un cadre législatif stable. Les communautés peuvent mieux profiter si elles s’organisent avec les entreprises en raison de la portée des projets, lorsque les entreprises en profitent, les communautés aussi. La délégation a reconnu qu’en Mongolie, il faut mieux comprendre ces processus et savoir comment aller de l’avant afin de renforcer les capacités de manière efficace.

Les dix représentants de la Mongolie sont repartis avec de nombreux éléments qu’ils espéraient rapporter à Dornod pour inspirer leurs communautés locales à modifier ou à créer de nouveaux programmes adaptés à leur contexte local unique. Il a été reconnu qu’une façon très efficace de faire bénéficier les populations et les communautés locales des avantages de l’extraction des ressources est de conclure des accords sur les répercussions et les avantages, et même si la structure et la mise en œuvre seront différentes de celles du Canada, elles constituent un bon exemple. Le moment est venu de changer les structures en Mongolie pour faire en sorte que toutes les parties prenantes – les communautés locales, les sociétés d’exploitation des ressources et le gouvernement – puissent bénéficier positivement de la gestion durable des ressources et des processus dans le secteur de l’exploitation des ressources.

Le projet MERIT (Mongolie : Enhancing Resource Management through Institutional Transformation) est un partenariat de sept ans entre SACO (Service d’assistance canadienne aux organismes) et l’EUMC (Entraide universitaire mondiale du Canada), financé par Affaires mondiales Canada. L’objectif du projet est de renforcer la capacité du secteur public en matière de gestion responsable des ressources afin de maximiser sa contribution au développement économique et social durable.

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