Amélioration des possibilités au Guatémala
En 2004, Patricia et moi sommes partis aider une école de plus de 550 élèves située à Chichicastenango, au Guatémala, dans le cadre d’une affectation de SACO. Nous étions là pour participer à la mise sur pied d’un système de gestion scolaire qui aiderait à assurer le suivi des inscriptions, du financement et des notes, ainsi qu’à la production de rapports gouvernementaux annuels. Prévoyant, j’avais apporté un ordinateur, c’est-à-dire un écran, une unité centrale, un concentrateur et des câbles pour le réseau… tout le nécessaire, quoi. J’ai pensé que, quels que soient les obstacles rencontrés, nous pourrions continuer notre travail tant que nous ne manquerions pas d’électricité. Nous avons développé la nouvelle base de données avec l’aide des secrétaires de l’école, Julissa et Tomasita, qui nous donnaient leur avis sur ce qui conviendrait ou non pour l’école, à mesure que nous avancions. À la fin du projet, nous avons montré à tous les professeurs comment saisir les notes dans la base de données, ce qui a allégé le travail des secrétaires et, pour la première fois, l’école disposait d’un réseau qui permettait, par exemple, l’impression partagée. Pour eux, c’était le nec plus ultra. Depuis, le système de gestion que nous avons mis au point avec l’école a été amélioré, et il est encore utilisé aujourd’hui.
Notre contrat avec SACO au Guatémala a pris fin en 2005, mais pendant notre séjour nous avions constaté que l’école avait besoin de beaucoup plus qu’une mise à niveau informatique. Nous avions développé une relation étroite avec l’école au cours de notre mission de quatre semaines, et nous avons décidé de continuer par nous-mêmes à l’aider relativement à ses autres besoins. Par exemple, l’eau. De nombreux étudiants vivaient dans une résidence scolaire et buvaient l’eau de bouteilles de 5 gallons achetées par l’école. L’eau embouteillée coûtait très cher, mais l’eau courante n’était pas potable. Dans la région, les affections gastro-intestinales étaient courantes, et j’ai été malade moi aussi!
Lorsque nous sommes revenus au Canada, j’ai pensé à ce que nous pourrions faire pour remédier aux problèmes de l’eau. Je suis également bénévole auprès de l’Ontario Water Works Association, et j’ai pu obtenir des trousses du laboratoire de microbiologie grâce auxquelles nous avons incubé des échantillons à notre retour au Guatémala, l’année suivante. Nous n’avons pas trouvé d’E. coli, heureusement, mais un indice élevé de coliformes. C’est ce qui causait des problèmes aux enfants. Après avoir parlé avec les responsables de l’entretien de l’école, nous avons appris que les conduites menant à la résidence dataient de plus de 50 ans. Nous avons donc financé un projet pour les remplacer. Il a fallu environ deux ans pour achever le projet. Une fois les travaux terminés, les religieuses de la résidence nous ont annoncé qu’elles n’achèteraient plus d’eau, ce qui nous a surpris. Maintenant que l’eau distribuée par la tuyauterie était potable – les sœurs la font encore passer par un système de filtration en céramique –, les étudiants pouvaient la boire directement des robinets. Cela a mené non seulement à une chute de l’incidence de maladies gastro-intestinales, mais également à des économies par l’école, qui dispose donc de plus de fonds pour d’autres projets.
Une année, Juliana, la directrice, nous a demandé si nous aimerions enseigner l’anglais. Chichicastenango est tellement isolée que, pour trouver un emploi, il ne suffit pas de connaître l’espagnol et une langue maya. L’anglais est très important, surtout qu’il y a beaucoup de centres d’appels des États-Unis à Guatémala, la capitale. L’école ne donnait aucun cours d’anglais à l’époque; nous avons donc travaillé à l’élaboration d’un programme pour l’enseigner. Je n’ai pu trouver aucun manuel d’anglais qui faisait l’affaire, alors j’ai pensé que, puisque nous parlons l’anglais et l’espagnol, nous allions rédiger notre propre manuel! Le livre que nous avons développé est assez souple. Il passe en revue les rudiments de la langue et la structure fondamentale de la phrase, l’essentiel pour que les enfants et les professeurs puissent se mettre au travail. Cela a convaincu Juliana que l’école devait engager des professeurs d’anglais pour permettre aux écoliers de s’intégrer au reste du monde. L’année suivante, elle a embauché deux nouveaux professeurs d’anglais.
Nous avons également apporté notre aide dans le cadre du programme d’économie domestique. L’école disposait d’une salle réservée à cette fin, même s’il ne s’y faisait pas beaucoup de cuisine, et l’idée d’y reprendre les activités a intéressé, je dirais même emballé, les enfants. Je connais les rudiments de la confection du pain. Nous sommes donc allés au marché et avons acheté des sacs de 50 livres de farine ainsi que d’autres ingrédients et avons commencé à montrer aux enfants comment cuisiner. Nous avons associé l’enseignement des mathématiques à celui de la cuisine, puisqu’il faut comprendre les fractions pour mesurer une demi-tasse de farine, ou savoir combien il y a de cuillères à soupe dans une tasse.
Au début, il y avait surtout des filles dans la classe, mais au cours de la deuxième année du programme, l’école a commencé à enseigner l’économie domestique aux garçons. C’était la meilleure chose qu’elle pouvait faire. Au Guatémala, l’école est obligatoire jusqu’à la 6e année. Beaucoup de filles continuent jusqu’à la 7e ou même la 9e année, mais ce n’est habituellement pas le cas des garçons, et cela crée un énorme problème économique. La culture est également très machiste. Les filles font ce que doivent faire les filles et les garçons ce que doivent faire les garçons. Les enseignants étaient d’accord avec le fait qu’en leur montrant moi-même, en tant qu’homme, qu’il est correct de faire certaines choses, cela pourrait leur donner un jour la chance de trouver un emploi dans une boulangerie ou un restaurant. Cela pourrait réduire le taux de chômage, qui est extrêmement élevé dans la région.
Après avoir travaillé à Chichicastenango pendant presque une décennie, nous estimions qu’il nous fallait aller aider d’autres écoles. Au cours des années, nous avons financé et réalisé des projets visant la construction de salles de classe supplémentaires, la création de programmes de petits-déjeuners à l’école, l’enseignement, la promotion de services d’hygiène dentaire et tout ce dont les écoles pouvaient avoir besoin. En 2016, après avoir été sollicités pour aller offrir une aide permanente au Guatémala, nous avons créé Together Education Works, un organisme de bienfaisance canadien enregistré auprès du gouvernement fédéral. Vous pouvez consulter notre site Web ici. Nous poursuivons actuellement des projets dans trois écoles au Guatémala : à Chichicastenango, à Guatémala et à Santa Cruz del Quiché, qui comptent au total environ 2 000 élèves. Nous planifions également un projet de bibliothèque et d’autres programmes de petits-déjeuners et de sac à dos. Nous espérons qu’un jour nous étendrons notre aide à l’extérieur du Guatémala pour aider des écoles dans l’ensemble de l’Amérique centrale.
Rien de tout cela ne se serait produit si nous n’avions pas dit oui à l’offre de SACO en 2004.
Daniel Rehak, conseiller volontaire SACO, décrit comment une affectation de quatre semaines au Guatémala les a conduits, lui et son épouse Patricia Mulcair, également conseillère volontaire, à créer leur propre organisation à but non lucratif, Together Education Works.
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